mardi 22 décembre 2015

Coupe de Noël 2015: mon voyage dans la cinquième dimension


En triathlon, on se déplace dans un espace à 3 dimensions, en se battant contre le temps, la quatrième dimension. En participant à la Coupe de Noël, j'ai découvert et appris à maitriser une cinquième dimension. Ce fût plus complexe et plus intéressant que je ne l'avais imaginé initialement...

Qu'est-ce que la Coupe de Noël?

La Coupe de Nöel est une épreuve de natation en eaux vives, se déroulant dans le lac Léman à Genève, durant le mois de décembre. Elle est organisé par le Genève Natation 1885 depuis 1934. A cette période de l'année, la température de l'eau varie entre 3 et 9°C. Les nageurs doivent parcourir une distance d'environ 125m, sans combinaison néoprène. Un partie des nageurs se battent contre le chronomètre alors que d'autres choisissent de s'inscrire en catégorie humoristique et nagent avec des déguisements. Pour plus d'infos, visitez le site officiel www.coupedenoel.ch.

Vous l'aurez deviné, la cinquième dimension, c'est le Froid

En triathlon, lorsque l'eau est "trop" froide (moins de 24°C), On nage équipé d'une combinaison en néoprène. La combinaison devient même obligatoire en dessous de 16° et la natation est remplacée par de la course à pied lorsque celle-ci fait moins de 14°. Lors de la Coupe de Noël, la combinaison est interdite et l'eau n'a jamais dépassé les 9°.

Comme vous le savez probablement, si vous restez longtemps dans de l'eau froide, même en nageant, vos muscles vont s'engourdir, vous allez perdre connaissance, puis mourir... Cela peut prendre quelques minutes pour un débutant ou nettement plus longtemps pour un initié, mais dans tout les cas personne ne peut survivre longtemps dans de l'eau froide.

Le fait de flirter avec les limites de son corps et de son esprit, s'apparente à un voyage dans une autre dimension. Il faut être capable de contrôler son instinct de survie et maitriser l'intensité des sensations ressenties.

Pourquoi avoir choisi de participer à ce défi?

Cela fait des années que des amis participent à cet épreuve et me recommandent d'y participer aussi. Au début, je considérais cette compétition comme du pur masochisme. Or, pour moi les principales valeurs qui me poussent à faire du sport, sont la santé, le plaisir et la performance. Je ne voyais donc aucun intérêt à faire cela. En écoutant le témoignage d'autres participants, j'ai découvert l'aspect social de l'événement. En effet, des groupes se rencontrent régulièrement pour aller s'habituer progressivement au froid, pour faire les guignols dans l'eau et boire un thé chaud ensemble après. Là aussi, cela ne correspondait pas à ce que je recherche. Pour socialiser, je préfère un bon repas entre amis que de souffrir en groupe.

Qu'est-ce qui m'a finalement fait changer d'avis sur cette course et convaincu d'y participer? Le principal déclencheur a été un article sur Lewis Pugh, nageur de l'extrême, ainsi que le fait de prendre le départ en compagnie de nageurs et triathlètes de haut niveau, tels que Julien Baillod et Mike Aigroz.

La préparation: moins de masochisme qu'on ne le pense

Afin d'arriver prêt le jour J, j'avais planifié de nager dans le lac 2 fois par semaine dès le début du mois de novembre.

Ma première séance dans le froid fût vraiment épique. L'eau était encore à 13°C et je m'attendais donc à une première expérience très facile, parfaite pour commencer à s'habituer à l'eau froide. Tout le contraire se produisit: l'air étant à 4°C et le sol très froid, je fût frigorifié avant même de toucher l'eau avec les pieds. Tout mes os étaient glacés et je tremblais comme une feuille. l'entrée dans l'eau ne fit qu’aggraver ma situation. Je décidai de partir en sprint pour tenter de me réchauffer. Grave erreur. Ma respiration s’accéléra et après quelques mètres seulement, j'étais en hyperventilation. Petite pause de quelques secondes. Redémarrage. Même problème. Après 50m je sors de l'eau, transit de froid et asphyxié. Il me faudra plus de 2 heures pour me réchauffer. Ce jour-là, j'ai presque décidé de déclarer forfait.

Les jours suivants, je me renseigne sur la meilleure façon de me préparer à cette épreuve. Je mets en place un protocole, incluant un échauffement à sec et une préparation mentale. La séance suivante se passe nettement mieux. Après 4-5 séances je suis capable de sprinter sans hyperventiler. Quelques séances de plus et je ne tremble même plus en sortant de l'eau. Je sens mon corps qui se renforce, s'adapte au froid. Je ressens une force grandir en moi. Après chaque séance, je me sens bien, avec plus d'énergie qu'avant.

La course: nettement plus facile que la préparation

Le jour J, je suis stressé comme lors de mon premier triathlon, il y a plus 28 ans. Je m'inquiète principalement du fait que je n'ai jamais plonger directement dans l'eau froide et que je ne me suis jamais verser un seau d'eau glacé avant un départ. J'espère aussi ne pas être trop ridicule en me faisant larguer par des nageurs nettement plus rapides que moi.

Finalement, tout se passe parfaitement bien. Avec l’adrénaline de la compétition, je ne ressens à aucun moment le froid de l'eau, pourtant à 8°C. Je me concentre sur ma nage et réussi à tenir une vitesse proche de ce que je fais en piscine.

L'organisation de cette compétition est excellente. Le public est chaleureux (beaucoup plus que l'eau). Les participants s'amusent en défiant la cinquième dimension.

Conclusion

Cette expérience s'apparente à un voyage initiatique, un voyage dans la cinquième dimension. J'ai appris à mieux contrôler mon corps. J'ai découvert des sensations et des émotions que je n'avais jamais ressenti auparavant. J'ai pris du plaisir. Maintenant, dès que je vois un beau plan d'eau, j'ai envie de nager, même lorsqu'il fait froid. Toutefois, je garde une préférence pour les plages tropicales, bordées de récifs coralliens. Prochain objectif: me qualifier à l'ironman de Hawaii. Aloha!

2 commentaires :

  1. Très sympa tes CR Christophe, je dirais comme d'hab. Bravo et bonne suite pour tes nouveaux défis. Aloha.

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