lundi 15 avril 2019

Triathlon de Wallisellen 2019: un coctail émotionnel explosif


Cette année, je me suis fixé 3 objectifs: les championnats du Monde ITU à Lausanne, les championnats suisse à Spiez et le circuit suisse de triathlon. Le 14 avril 2019 avait lieu à Wallisellen, la première étape du circuit, une bonne occasion de marquer des points et de vérifier que l'entraînement hivernal porte ses fruits. Le principal soucis et qu'ils annoncent des températures polaires avec des risques de chutes de neige...

La préparation hivernale

Dès que j'ai su que mon pays allait accueillir les championnats du Monde ITU de triathlon, j'ai décidé de placer cette compétition comme objectif prioritaire. Je réussi à me qualifier en été 2018 et étais donc serein pour gérer ma préparation comme je le souhaite. J'avais prévu de faire beaucoup de street-workout en automne et en hiver, mais suite à une stupide chute je me fracture la main. Je ne peux donc faire que du home-trainer à vélo et des battements de jambes en natation. Je décide donc de laisser de côté le street-workout et de reprendre plus tôt que prévu ma préparation spécifique au triathlon. Je retrouve progressivement mes sensations, lorsqu'un terrible événement s'abat sur ma famille: mon fils ainé meurt dans un accident de moto. Je suis anéanti, je pleurs toutes les larmes de mon corps, je ne dors presque plus, je perd 4kg en quelques jours... Mais je décide de ne rien lâcher, de devenir plus fort qu'avant, non seulement en sport, mais aussi dans tout ce que j'entreprendrai à l'avenir, en mémoire de mon fils parti trop tôt, pour mes autres fils, pour moi-même, pour être vivant à 200%...
Plus motivé que jamais, en 2019, j'ai effectué 0 jour sans entraînement, de nombreuses semaines avec plus de 20km de natation, des séances de home-trainer où je me suis presque effondré par terre tellement c'était dur, idem sur le tapis de course... Cela faisait plus de 20 ans que je n'avais pas suivi un plan d'entraînement de façon aussi assidue.

L'avant course

Wallisellen est une petite ville située à quelques kilomètres de Zurich. Les distances de ce triathlon sont de 600m de natation en piscine, 15km de vélo et 4km de course. La météo prévue est inquiétante: 0-4°C avec des précipitations. Un amis qui s'est rendu sur place la veille m'annonce 15cm de neige sur le toit des voitures. L'organisateur décide d'annuler la première transition et de laisser à chaque athlète un maximum de 10 minutes pour pouvoir se sécher et mettre des habits chauds. Je quitte Genève avec le soleil, même si les températures sont hivernales. Je me rend à Zurich en train. Plus on s'approche de la destination, plus le ciel se couvre, à 10km de Zurich il commence à pleuvoir, ouf! pas de neige...
Durant tout le trajet, je repense à ma préparation, à la mort de mon fils, aux sacrifices de ma famille pour me laisser me préparer efficacement. Mes idées se regroupent progressivement sur une seule idée: aujourd'hui, je dois gagner, je n'ai aucune alternative possible. Je dois gagner pour ma famille, gagner pour me montrer que je suis sur la bonne voie en vue des championnats du monde. Cette idée me stresse beaucoup, car je sais que tout peut arriver durant un triathlon: une chute, une crevaison, une erreur de parcours, un athlète mieux préparé que moi. Il n'y a jamais une course gagnée d'avance et pourtant il m'est impossible de penser que je ne vais pas gagner. C'est mon devoir un point c'est tout. Je commence à avoir peur. Je me répète que les années précédentes j'arrivais déjà à gagner et comme je suis plus fort cette année, je devrais réussir à gagner.
Enfin le train arrive à Zurich. Il me reste une dizaine de kilomètres à faire sous la pluie pour arriver à Wallisellen. Je choisi un itinéraire recommandé pour les vélos, mais il y a du gravier et je fais demi-tour pour éviter une crevaison. Trop tard, mon pneu avant se dégonfle et je dois rejoindre le départ en courant à côté de mon vélo.
Dans le parc de change, je dois changer mon boyau. Pas le temps de le coller, il faudra donc être extrêmement prudent dans les virages pour ne pas déjanter. Une raison supplémentaire de stresser. Mon départ est fixé plus d'une heure après le premier départ, j'ai donc assez de temps pour bien repérer les endroits stratégiques. Je constate notamment qu'il y a de nombreux "embouteillages" dans la piscine. Pourvu que je ne sois pas gêner par d'autres nageurs, encore une raison de stresser.

La course

Finalement, c'est à mon tour de partir. Je n'ai pas effectué d'échauffement spécifique à la natation et je galère à trouver de bonnes sensations dans l'eau. Au bout de 500m je trouve enfin un bon rythme, mais c'est déjà la fin... Je fais un temps correct, mais loin de ce que je suis capable de faire à l'entraînement, donc un peu déçu.
La première transition est neutralisée. Ce qui signifie que nous avons tout le temps qu'il faut pour nous sécher et mettre des habits chauds. C'est une situation inhabituelle et je commets une erreur, j'oublie de prendre mon dossard. Après 50m sur le parcours vélo, un arbitre me stoppe et je dois revenir à pied dans le parc de change pour chercher mon dossard. Je perd un temps précieux. Heureusement, je suis en pleine forme et mes jambes me permettent de dépasser pleins d'athlètes, certains ont l'air d'être presque arrêter tellement je vais vite. Il faut effectuer 3 tours de 5km, il pleut, la route est glissante, les freins fonctionnent mal et à la fin du 2e tour je commets à nouveau une erreur, j'arrive trop vite dans un virage et suis obligé de continuer tout droit et de sortir de la route. Je revient sur le parcours en m'étant fait dépasser par de nombreux cyclistes que j'avais dépassé précédemment. Finalement, je termine mes 15km de vélo et me retrouve dans le parc de transition. Cette fois, le chronomètre tourne et je loupe complétement ma transition. Tout d’abord, je n'arrive pas à décrocher mon casque à cause des gants, puis je n'arrive pas à enlever mes sur-chaussures et suis obligé de m'assoir par terre. encore de nombreuses secondes perdues.
Enfin je peux commencer à courir. En principe, la course à pied est mon point faible, mais je remarque rapidement que les entraînements hivernaux ont payés. Je souffre un peu du froid dans le premier kilomètre, mais ensuite, ma foulée se déroule de façon puissante et fluide et je termine très rapidement. Comme on partait toutes les 10 secondes, je dois encore attendre avant de savoir mon classement. Ce sera premier de ma catégorie, mission accomplie. D'habitude je ressens une grande joie lorsque je gagne, mais cette fois, c'est uniquement du soulagement, soulagé de ne pas avoir échoué. J'espère que je serai moins émotif lors des prochaines compétitions et que je saurai à nouveau apprécier le goût de la victoire, si je gagne.

Conclusion

Le travail hivernal a payé, mais je dois améliorer ma gestion du stress. Je constate aussi que tout les entraînements indoor m'ont rendu plus fort physiquement, mais un peu moins bon techniquement. Il faut donc que j'augmente le nombre de kilomètres de vélo effectués sur route. En tout cas je suis sur la bonne voie: j'ai déjà un excellent niveau dans les 3 sports alors que je me suis surtout concentré sur la natation. La prochaine étape est de préparer à fond la partie cycliste avant la 2e étape du circuit au mois de juin.

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2 commentaires :

  1. Excellents tes commentaires et je te félicite pour ton courage, ta volonté, et ta persuasion. Grâce à ces qualités, tu as réussi à remporter cette course dans ta catégorie.Cette victoire est vraiment méritée suite à la dure épreuve, ce malheur que tu as dû subir au début de l'année.

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    1. Merci. J'espère pouvoir transmettre un message d'espoir à ceux qui en ont besoin. Il ne faut jamais lâcher ses rêves.

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